Routiers, maitres ou esclaves du monde ?

Yoan Schumacher
26 janv. 2022
2 min de lecture

Que se passerait-il si tous les routiers d'Europe se mettaient en grève ? Pendant une journée ? Une semaine ? Un mois ?

Quel pouvoir démocratique ces hommes et femmes ont-ils sur le fonctionnement de notre économie ?

Ces questions me sont apparues, sur l'autoroute entre la Bretagne et le Sud, alors que je portais mon attention sur ces poids-lourds, bridés à 90km/h mais bien roulants.

Venus d'Espagne, d'Estonie, de Bulgarie, de Roumanie, de France bien sur aussi, les semi-remorques charrient chaque jour des milliers (millions ?) de tonnes de marchandises, nécessaires au bon fonctionnement de notre économie globalisée.

Avec un salaire moyen de 11,20€/h les routiers français sont à peine payés plus que le SMIC, que dire alors de la situation des nombreux chauffeurs originaires d'Europe orientale, payés parfois moins de 2 euros de l'heure, contraints à dormir pendant des mois dans leurs cabines, à faire leur toilette sur des parkings en plein hiver, attendant l'heure du déchargement et ce, alors même que leurs employeurs négocient leurs contrats avec des multinationales comme Danone, Ikea ou Unilever par exemple.

La peur d'être licencié annihile toute volonté de rébellion.

Comment, alors, ne pas s'indigner des conditions de ces travailleurs.ses, indispensables à nos sociétés modernes. Qui faut-il blâmer ?

Nous sommes tous responsables. Parce que j'ignorais ces faits il y a quelques heures, je suis responsable de ne m'en être pas inquiété. Parce que les lois du marché priment sur les droits humains, nos états, l'Europe et les entreprises impliquées dans ces échanges, sont responsables.

Daimler prépare la sortie d'un camion autonome, d'abord pour le marché américain.

Un joujou technologique qui peut arranger la condition du transport dans le long terme, mais ne résoudra pas la crise humaine qui semble se jouer sur nos autoroutes, chaque jour.

Tous les dimanches, la loi France exige que les camions restent à l'arrêt. Peut être pourrions nous profiter de cette journée pour aller à la rencontre de ces hommes et femmes solitaires, pour en apprendre plus sur eux.